Au cinéma, c'est L'Exercice de l'Etat, film de Pierre Schoeller magistralement écrit, filmé, maîtrisé et interprété, qui propose deux courtes séquences dans lesquelles on voit Bertrand Saint-Jean, le personnage interprété par Olivier Gourmet, tenter de garder la tête froide : dans l'espace domestique d'abord, un petit glaçon sur les traits du visage au réveil pour botoxo-tonifier tout ça, puis au bord d'une autoroute enneigée, la nuit, à l'aide d'une pleine poignée de neige pressée en pleine figure. Tout le film peut d'ailleurs être lu à partir de cette notion de "garder la tête froide" dans l'ouragan de rapides, de courants et de contre-courants, de maelstroms dans lequel Saint-Jean est plongé, Radeau de la Méduse politique à lui tout seul. Alors : coulera ? Coulera pas ? On ne révélera pas la fin du film.
Pour ce qui est de la fin de Tout est normal mon coeur scintille, c'est plutôt à la double question : S'envolera ? S'envolera pas ? qu'on aurait envie de répondre. Et c'est à l'aide d'une plume de duvet que Jacques Gamblin nous proposera sa réponse d'homme de théâtre, nous lâchant la main pour prendre son envol.
Deux oeuvres qui fourmillent d'organes : le coeur, le cou, les vertèbres, les bras, la rotule - ah ! la rotule... -, l'anus chez Gamblin, une jambe chez Schoeller où c'est le corps dans tous ses états qui est mis à l'honneur, corps travaillé des demandeurs d'emploi cadrés de près, corps travaillé et travaillant de Saint-Jean aussi, d'autres corps enfin, dès la scène inaugurale du film, organique à l'extrême. Deux oeuvres à ne pas rater cet automne, à mon avis.
> article précédent
> article suivant
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire