mercredi 31 mars 2021

Au purgatoire

Quatre livres qui sont sortis juste avant ou pendant le confinement, et qui en ont pâti en termes de visibilité, de diffusion, de distribution. D'une certaine manière, ils ont été eux aussi confinés, dans ce qu'on appelle parfois dans les bibliothèques "le purgatoire".

Pourquoi ? Les raisons sont multiples :

Salons du livre annulés, représentations de théâtre (pour les oeuvres dramatiques) reportées une fois, deux fois, avant d'être finalement annulées, séances de signature dans les librairies rendues impossibles, lectures publiques déprogrammées, rencontres et colloques égarés dans les méandres du distanciel...

A l'arrivée, quatre livres qui sont un peu "passés sous les radars", et sur lesquels je donne ici un petit coup de projecteur.

Les Murmures de Haute-Claire : un roman jeunesse illustré par Pierre-Yves Cézard, paru aux éditions du Sabot rouge, conseillé aux 9-14 ans. Comment un enfant ré-apprend à parler grâce à la forêt.

Contes botaniques : dix contes consacrés aux arbres (un arbre, un conte), pour tous publics, éditions d'ici et d'ailleurs. Du pin au hêtre pourpre, du tulipier de Virginie au pommier - en passant par le chêne et le tilleul, les arbres véhiculent nombre d'histoires mythologiques ou actuelles...

Tant que nos coeurs flamboient (Christophe Chomant Editeur) : un récit à la première personne qui raconte la résistance des femmes, de Louise Michel alors qu'elle est cantonnée en Nouvelle-Calédonie, jusqu'à une militante de gauche dans le Chili des années 70. Un monologue théâtral et/ou un récit. Tous publics

Veillée d'Armes : sur les plages de la mer du Nord, dans ces confins ballotés par les remous de l'Histoire, les enjeux migratoires font ressurgir des strates du passé... Editions Lansman, pour tous publics


Pour en savoir plus sur chacun de ces livres, il suffit de cliquer sur son titre ci-dessus

Tous ces livres peuvent être commandés en librairie, ou directement chez leur éditeur, via le site de ces derniers.

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mardi 23 mars 2021

... Pour devenir à nouveau une expérience de tous

"La poésie est-elle possible dans une société qui laisse envahir ses conduites, son enseignement, sa parole par les mots de la technologie, du commerce, ceux qui ne savent plus l'infini qui est intérieur à l'objet naturel et incitent donc à un autre infini, celui du rêve, à se déployer, mais bien pauvrement, parmi les stéréotypes publicitaires ? Ne va-t-elle pas être repoussée toujours plus vers le monde des marginaux, que l'on prive de responsabilités autant que de moyens d'existence ? On peut certes craindre pour l'avenir de la poésie quand les journaux nous donnent à douter chaque jour de, tout simplement, l'avenir de la vie humaine sur sa planète polluée.

Mais n'oublions pas non plus que la poésie obéit à un type de causalité très particulier, celui de la réaction. En chacun de ses grands moments dans l'histoire moderne, elle apparaît moins le reflet d'une situation de l'esprit, qu'une révolte à l'encontre de celle-ci. La poésie naît de sa propre carence. C'est là un fait qui justifie tout de même quelque espérance (...). Car si la carence devient extrême, peut-être la poésie débordera-t-elle ce lieu trop étroit où présentement elle se produit dans des oeuvres trop personnelles, trop peu nourries de la parole commune, et cela pour devenir à nouveau une expérience de tous".

Yves Bonnefoy, Entretiens sur la Poésie (1972-1990)

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