des syllabes – des silences : l’oreille
Par rapport aux autres écritures que je pratique (nouvelles, théâtre), l’écriture radiophonique est par définition toute entière contenue dans l’oralité : on s’adresse à des aveugles. Des sons, des lettres, des consonnes, voyelles, syllabes... L’acteur ne bouge pas et l'auditeur ne voit pas, le voilà, peut-être, confiné dans l'obscur, comme un fœtus, ou comme un mort. C’est à ces états de conscience là aussi qu’on s’adresse, il faut en être conscient.


des motifs – des espaces : l’oeil
La connexion avec le réalisateur, bien sûr, est essentielle. Parfois on a le sentiment qu’on a été compris, que le réalisateur a fait l’effort d’un déplacement vers le texte, vers l’auteur, on s’est parlé, on s’est vu, ça a pris un peu de temps à l’un comme à l’autre, mais de toute évidence ça vaut le coup : à l’écoute du texte à l’antenne, j’ai eu le sentiment que même si tout n’était pas là, même s’il y avait des approximations, des réinterprétations, les raisons qui m’ont poussé à écrire ce texte – les motifs du texte, dans la double acception du terme – passent les ondes (je pense notamment à Babel ma belle, à La Goule-aux-fées...).

Un bon critère pour moi à l’écoute d’une de mes fictions, outre celui des motifs que je viens d’évoquer, est la spatialisation : les espaces, les volumes, les distances suscités par l’écoute de la pièce sont ou ne sont pas ceux que je pressentais en l’écrivant. Les images, les lumières, les ombres sont ou ne sont pas celles que j’imaginais… A partir d’un matériau sonore, le décodage visuel que j’en fais me fait reconnaître – ou non – mon texte. Là-dessus, l'expérience du documentaire sonore, telle que je l'ai vécue avec A Vau l'Eau, a été déterminante.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire