Quelques années plus tôt, Robert-Louis Stevenson couchait par écrit ses impressions de marche sylvestre entre Barbizon et Grez-sur-Loing, en passant par Franchard et Bourron-Marlotte... Et quelques années plus tard, Vladimir Arseniev explorera, dans le but de la topographier, la région du Sihoté dont il rendra compte dans Dersou Ouzala.
Il était donc cohérent de clore cette résidence en forêt de Fontainebleau (qui fut marquée à la fois par la lecture de Treasure Forest de Stevenson à la librairie-galerie L'Empreinte dans le cadre de la nuit de la lecture et par le spectacle En attendant Dersou adapté d'Arseniev à la Galerie Delort) par un hommage à Oncle Vania, qui se situe exactement au mitan, tant spatial que temporel, de ces deux oeuvres qui ont jalonné mon temps de résidence.
Et c'est avec la projection du très beau film de Louis Malle (réalisateur qui n'est pas non plus sans rapport avec l'environnement bellifontain), Vanya 42ème rue, que nous avons donné le signal de fin de ces six mois de résidence. Nous avons entendu Astrov nous dérouler ses cartes de forêts (à l'instar d'Arseniev, de Stevenson) et dire à Eléna - avec quelle prémonition de la part de Tchekhov ! :
ASTROV (Montrant la carte.) "Maintenant, regardez ceci.
C’est le tableau de notre district il y a cinquante
ans. Le vert foncé et le vert clair indiquent les
forêts. La moitié de toute la superficie était alors
occupée par les forêts. Où vous voyez, sur le vert,
une hachure rouge, là vivaient des élans, des
chèvres. Je montre ici la flore et la faune... Sur ce
lac, s’ébattaient des cygnes, des oies, des canards,
et, comme disent les anciens, il y avait profusion
de toute sorte d’oiseaux. On n’en voyait pas la
fin. Ils volaient par nuées. Outre les hameaux et
les villages, vous voyez, éparpillés çà et là, de
petites fermes, des ermitages de Vieux-Croyants,
des moulins à eau. Il y avait beaucoup de bêtes à
cornes et de chevaux. Cela est marqué en bleu.
Par exemple, dans ce canton, la couche de bleu
est épaisse ; ici, il y avait des haras entiers de
chevaux ; chaque isba avait trois chevaux. (Une
pause.) Maintenant, voyons plus bas, ce qui
existait il y a vingt-cinq ans. Il n’y a déjà qu’un
tiers de la superficie occupée par les bois. Il n’y a
plus de chèvres, mais il y a encore des élans. Les
couleurs vertes et blanches sont plus pâles, et
ainsi de suite, ainsi de suite. Arrivons à la
troisième partie. Tableau du district au temps
présent. Il y a de la couleur verte çà et là ; mais
non plus d’un tenant ; ce sont des taches. Les
élans, les cygnes et les coqs de bruyère ont
disparu. Des hameaux anciens, des fermes, des
ermitages, des moulins, plus trace. C’est, en somme, le tableau d’une dégénérescence
progressive et certaine, à laquelle il faut encore
dix ou quinze ans pour être complète. Vous direz
qu’il y a ici l’influence de la culture ; que la vie
ancienne devait naturellement céder à la vie
nouvelle ; oui, je comprends. Si, à la place de ces
forêts détruites, passaient une route, des chemins
de fer ; s’il y avait des usines, des fabriques, des
écoles, les gens seraient mieux portants, plus
riches, plus intelligents ; mais il n’y a rien de
semblable. Il y a, dans ce district, les mêmes
marais, les mêmes moustiques ; pas de chemins.
La pauvreté, le typhus, la diphtérie, les incendies.
Nous avons affaire ici à une dégénérescence
causée par une lutte intense pour la vie.
Dégénérescence due au croupissement, à
l’ignorance, au manque absolu de conscience, à
ce moment où l’homme, transi, affamé, malade,
pour sauver ses restes de vie, pour conserver ses
enfants, se jette instinctivement sur ce qui peut
apaiser sa faim, le réchauffer, et où il détruit tout,
sans penser au lendemain... Presque tout est déjà
détruit, mais, en revanche, rien n’est encore créé. (...)"
Merci à toutes celles et tous ceux qui ont accompagné cette résidence, la ville de Bourron-Marlotte, la bibliothèque municipale, la librairie-galerie L'Empreinte, l'école élémentaire, les habitants... Une mention toute spéciale à M. Nicolas Quénu, conseiller municipal délégué aux affaires culturelles, dont l'attention et l'énergie ont permis que cette résidence se déroule dans des conditions de création optimales.
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Merci à toutes celles et tous ceux qui ont accompagné cette résidence, la ville de Bourron-Marlotte, la bibliothèque municipale, la librairie-galerie L'Empreinte, l'école élémentaire, les habitants... Une mention toute spéciale à M. Nicolas Quénu, conseiller municipal délégué aux affaires culturelles, dont l'attention et l'énergie ont permis que cette résidence se déroule dans des conditions de création optimales.
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