Une résidence imaginaire, ce serait quoi ?
1) Un an en amont du temps de résidence, la structure contacte l'auteur. La structure a choisi l'auteur en connaissance de cause : elle connaît son travail, elle a lu ses textes, elle apprécie à la fois ce qu'il écrit et sa démarche d'écriture, et pense qu'elle serait la structure toute indiquée pour offrir un espace-temps à l'auteur qui puisse lui apporter les meilleures conditions pour avancer sur son futur projet et faire connaître son travail dans le territoire où est implantée la résidence ;
2) L'auteur se renseigne, quant à lui, sur la structure, autour de trois points : conditions d'hébergement, protocoles d'action culturelle, travail avec relais locaux (médiathèques, compagnies, librairies, associations, équipements culturels, scolaires...) ; à ce stade, les deux partenaires se sont flairé et ont l'intuition que ça pourrait "matcher" ;
3) L'auteur et la structure se rencontrent, soit directement si c'est géographiquement possible, soit par téléphone. Chacun explique comment il voit les choses, à savoir : les ressources et les besoins. Si les projections divergent, mieux vaut laisser tomber. Sinon, on peut aller plus avant : la structure a été claire sur le point 2), l'auteur a expliqué où il en était de son travail et où il en serait dans un an, au moment de la résidence... ;
4) La structure organise une après-midi de travail, in situ, avec ses relais, afin de préparer la venue de l'auteur :
- avec telle compagnie professionnelle régionale qui monte du théâtre contemporain et qui semble toute indiquée pour être intéressée par le travail de l'auteur ;
- avec telle compagnie amateur qui serait prête à monter une pièce à grande distribution de l'auteur, ou à organiser une lecture ;
- avec tel atelier de théâtre au lycée qui pourrait monter une pièce qu'a écrite l'auteur il y a quelque temps dans une collection dédiée au théâtre pour adolescents...
- les théâtres avoisinants sont aussi impliqués, réfléchissent à la manière dont ils pourraient intégrer la présence de l'auteur à leur saison prochaine (peut-être des spectacles écrits par l'auteur sont-ils disponibles en tournée ?)...
- la médiathèque départementale et les bibliothèques municipales avoisinantes acquièrent les livres de l'auteur...
- s'il y a, sur le territoire concerné, une association proposant des petites formes itinérantes ou des lectures publiques dans des lieux pas forcément théâtraux, en milieu rural, elle voit si elle souhaite s'impliquer dans la diffusion de l'oeuvre existante de l'auteur...
- les établissements scolaires sont informés par le biais des professeurs principaux de ce qui pourrait se faire un an plus tard...
- les enseignants-documentalistes passent commande...
- la bibliographie de l'auteur circule dans les librairies...
Le fait de préparer tout cela un an à l'avance permet de respecter le rythme de la plupart des saisons culturelles qui se programment dans cette temporalité-là, et d'anticiper dans tous les cas d'éventuelles lignes budgétaires que des collaborations pourraient susciter.
Tel auteur peut également avoir des compétences singulières qui nécessitent d'élargir le spectre des relais vers des domaines moins connus, et nécessitent un peu de temps pour leur mise en place : untel est aussi plasticien (une exposition serait-elle organisable dans une galerie ?), untel est musicien, untel a participé au scénario d'un film (une projection au cinéma est-elle envisageable) ou a une pièce radiophonique (l'antenne régionale de Radio France peut-elle se renseigner sur une possibilité de rediffusion ?), etc...
5) Peu à peu se concrétise, en accord avec l'auteur, un programme à "double hélice" :
- d'une part la diffusion, dans les meilleures conditions, avec les collaborations les plus fécondes possibles, de ce qui existe déjà dans l'oeuvre de l'auteur : lectures publiques, représentations, rencontres, participation à des salons, des colloques, séances de signatures, émissions de radio... ;
- d'autre part le présent de l'écriture de l'auteur : s'il le souhaite, en lien avec le sujet qui occupe son projet d'écriture, facilitation par le biais de rencontres ciblées, collectage de témoignages, visites de tel ou tel site, tel ou tel musée...
Les actions culturelles (de type atelier d'écriture, formation d'animateurs...) se feront en concertation avec l'auteur, afin qu'il puisse ajuster ses propositions avec la thématique et la démarche qui animent, au présent, son écriture ; dans tous les cas, il serait privilégié la rencontre entre l'univers de l'auteur et les richesses du territoire disponibles : ainsi, pour une lecture publique, l'auteur qui lirait pourrait être accompagné d'un.e. artiste locale (musique, arts plastiques...). Faut-il le préciser, le ratio 70/30 (pas moins de 70% du temps de résidence de l'auteur consacré à son travail d'écriture) sera scrupuleusement respecté, et ce ne sera pas à l'auteur d'avoir à le rappeler à la structure ;
6) enfin, comme dans toute valse qui se respecte, troisième temps indispensable, "l'aval" de la résidence : la structure aura facilité la rencontre de l'auteur avec un éditeur régional, si l'auteur le souhaite, afin d'envisager, une fois le projet fini, une publication du texte. Elle soutiendra une séance de signature à la sortie du livre. A défaut, la résidence s'engagera à acheter une cinquantaine d'ouvrages de l'auteur, lors de sa sortie, qui seront distribués aux relais ;
7) Avant, pendant et après, un blog dédié à la résidence permet de communiquer sur les événements liés à la résidence et de mieux connaître le travail de l'auteur (cf. remue.net) ; les relais sont appelés à le consulter et à le partager sans modération sur les réseaux sociaux.
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